Dix ans d’accord de Paris sur le climat ont stimulé les obligations vertes

Les obligations vertes sont un marché en croissance, avec de bonnes performances au cours de la dernière décennie. Selon les investisseurs, il y a de nombreuses raisons d’être optimiste. La transition énergétique nécessite des investissements importants, que les obligations vertes sont censées aider à financer.

«Rien ne plaide en faveur d’un ralentissement de la dynamique du marché des obligations vertes. Elles deviennent de plus en plus standardisées, transparentes et crédibles, de sorte que la demande ne cesse de croître», déclare Johann Plé, gestionnaire de portefeuille chez AXA Investment Managers. Il est convaincu: «Dix ans d’accord de Paris sur le climat – et les obligations vertes sont plus que jamais là.»

L’accord de Paris sur le climat, signé en 2015 par 196 pays, vise à limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels – et au-delà. Il a certainement profité aux obligations vertes.

Les emprunts destinés à financer des projets environnementaux ont enregistré un revenu plus élevé en 2024

En avril 2025, la Chine, deuxième économie mondiale, a émis sa première obligation verte afin de lever des capitaux dans le monde entier pour ses objectifs environnementaux. L’obligation cotée à la Bourse de Londres, libellée en renminbi, a permis de lever un montant considérable de 6 milliards de RMB (833 millions de dollars). Il s’agit du dernier développement majeur dans un secteur qui a connu une forte croissance ces dernières années. En 2024, 447 milliards de dollars d’obligations vertes ont été émises pour un montant record. Les obligations vertes, sociales et durables, totalisant environ 3000 milliards d’euros, représentent aujourd’hui un volume de marché similaire à celui des obligations d’entreprise Investment grade libellées en euros, résument AXA Investment Managers. Et ce n’est pas tout, selon eux: les obligations destinées à financer des projets environnementaux ont enregistré en 2024 des rendements plus élevés que les obligations à taux fixe classiques, pour la sixième fois en huit ans.

La croissance ne se limite pas à l’Europe

L’Europe continue de dominer les émissions, notamment parce qu’elle prend la durabilité très au sérieux. La Commission européenne finance jusqu’à 30% du programme NextGenerationEU de reconstruction contre le coronavirus par le biais d’obligations vertes, ce qui en fait le premier émetteur mondial. La politique budgétaire plus expansionniste de l’Allemagne pourrait également y contribuer. La troisième économie mondiale vient tout juste de créer un fonds spécial de 500 milliards d’euros pour les infrastructures et d’augmenter les dépenses militaires. 100 milliards d’euros sont prévus pour la protection du climat et la transition énergétique. Ils devraient contribuer à limiter les émissions de CO2 et à rendre l’infrastructure plus durable. Le fonds spécial allemand devrait aider le marché européen des obligations vertes.

Mais les obligations vertes ne se limitent pas à l’Europe. L’Asie et les marchés émergents sont de plus en plus au centre de l’attention. «La première émission de la Chine est une opportunité supplémentaire pour les investisseurs sur un marché jusqu’à présent dominé par des titres libellés en euros et en dollars», a déclaré Johann Plé.

Étant donné que l’intérêt pour l’ESG diminue aux États-Unis et que le nouveau gouvernement critique ouvertement les initiatives en la matière, les gestionnaires d’investissement d’AXA s’attendent à une baisse des émissions en 2025. «Il n’est pas surprenant que, selon Bloomberg, le nombre d’obligations vertes émises aux États-Unis au cours des premiers mois de l’année soit aussi faible qu’il n’y en a plus depuis dix ans. Toutefois, de nombreuses municipalités vertes arrivent encore sur le marché», explique M. Plé. 

Une plus grande transparence renforce la crédibilité

Avec la croissance du marché, la réglementation évolue également. La nouvelle norme européenne sur les obligations vertes, en vigueur depuis décembre 2024, contient des dispositions et des recommandations pour les émetteurs. Ceux-ci doivent investir au moins 85% du produit net d’une obligation verte dans des activités considérées comme «vertes» selon la taxonomie de l’UE. La certification est facultative. «Mais elle apporte plus de transparence et de sécurité aux investisseurs, ce qui rend le marché encore plus crédible», poursuit M. Plé.

Les émetteurs qui émettent des obligations vertes ont tendance à réduire leurs émissions de CO2

Selon une étude récente de la Banque des Règlements Internationaux, les émetteurs d’obligations vertes ont tendance à réduire leurs émissions de CO2. Ils ont également constaté que le marché a connu la plus forte croissance dans les pays où les règles en matière d’émissions de CO2 sont plus strictes. Selon AXA IM, cela montre que les entreprises du monde entier veulent améliorer leurs performances environnementales. Les obligations vertes deviennent un instrument plus fiable sur la voie de l’objectif zéro. Et ils ajoutent: «Pour des raisons structurelles et en raison de la croissance, de la liquidité et de la diversité de la classe d’actifs, nous considérons les obligations vertes comme un instrument intéressant à taux fixe. Elles permettent des investissements diversifiés avec la perspective d’un revenu et d’une flexibilité plus élevés – et la possibilité d’améliorer le monde de manière mesurable.»